Projet d’algoculture et d’élevage
d’huîtres en pleine mer à Moëlan-sur-Mer
Réunion du 10 juillet 2014 à
Moëlan-sur-Mer (salle de l’Ellipse)
La salle de l’Ellipse était aux trois quarts pleine.
À l’entrée, la signature d’une
pétition contre le projet était proposée et un tract distribué (conçu par 9
associations locales dont Doëlan-Clohars-Environnement).
La réunion présidée par le maire
de Moëlan, assisté d’un juriste (avocat) et d’un élu de la municipalité (Serge
Bourgois, adjoint chargé des finances, de l’administration communale et de l’urbanisme) s’est déroulée de 18 h 45 à 20 h
40.
Objet de la réunion :
Faire le point sur le projet
d’algoculture et d’élevage d’huîtres en mer, donner un éclairage juridique au dossier
et répondre aux questions du public.
Synthèse des propos tenus par les intervenants
1. –
Marcel Le Pennec, maire de Moëlan :
Le cahier d’observations mis à la disposition du
public en mairie a permis de recueillir, en un mois, 51 avis défavorables au
projet (6 associations et personnes privées).
Fait connaître à la salle son opposition au projet
et signale avoir obtenu la promesse d’une étude d’impact et l’élaboration d’un
cahier des charges (réunion de la Commission des cultures marines
- CCM - du 18 juin). A adressé un courrier au préfet
du Finistère pour « lui dire tout le mal qu’il pense du projet ».
Selon les
porteurs du projet, le marché visé serait finalement belge et
néerlandais !
La CCM a
délivré un avis favorable au projet (18 juin).
La mairie de Clohars a donné son accord
pour le débarquement à Doëlan (quai Cayenne). (Avait juridiquement le
pouvoir de refuser). La récolte se terminerait vers la mi-juin. Il n’est plus question que de 30 à 40
tonnes/jour.
Les résultats
de la récolte sur le site de Loctudy ont été décevants du point de vue des
exploitants (tempêtes hivernales et destruction accidentelle des installations
par le passage de bateaux de pêche dans les champs d’algues). Récolte terminée
mi-juin 2014.
La direction départementale des territoires et de la
mer (DDTM) s’est engagée à interdire les produits phytosanitaires. (Scepticisme
du maire qui considère que la monoculture ne peut que favoriser l’apparition de
pathologies).
La solution
envisagée pour le séchage des algues (ferme du village de Kerhuiten) est utopique,
pas sérieuse (« bricolage ») et susceptible d’entraîner une
dégradation de la qualité du produit fini. (Précision du juriste : cette
situation pourrait donner lieu à application du principe de précaution).
L’existence
du « pavillon bleu » ne protège pas la commune contre la réalisation
du projet.
2. - Le juriste (avocat) :
Le préfet n’a
pas d’autre choix que de délivrer l’autorisation d’exploitation (toutes les
procédures mises en œuvre sont légales).
Les projets
de cultures marines ne font pas partie des activités soumises à étude d’impact
(liste exhaustive fixée par décret).
Les effets du
plan local d’urbanisme (PLU) en mer. L’existence d’un territoire communal en
mer n’est expressément prévue par aucun texte. Le juriste admet « naviguer
à vue » sur ce point, tant la
jurisprudence est pauvre en cette matière.
Ne détaille
pas ses arguments, préférant les réserver à un éventuel recours. (Il est donc
permis de penser que le maire de Moëlan a
l’intention de présenter un recours contre l’arrêté du préfet, lequel devrait
paraître vers la mi-août (au plus tard deux mois après l’avis favorable de la
CCM).
Admet (prudemment) que l’existence d’une ZPPAUP
(zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager) proche du
site affecté au projet pourrait être retenue parmi d’autres arguments visant à
contester l’arrêt préfectoral.
Précise la
notion « d’intérêt à agir » qui détermine la recevabilité d’une
action en justice de la part d’une personne morale ou physique. Les
responsables d’association doivent vérifier que les dispositions statutaires
prévoient la possibilité d’ester en justice.
Emet des
doutes sur la recevabilité d’une action présentée par un collectif
d’associations et conseille aux associations d’agir individuellement (préservation
de la qualité de personne ayant intérêt à agir).
Indique qu’en
l’espèce le principe de précaution ne peut être invoqué, étant donné que
l’activité projetée ne figure pas dans la liste des activités soumises à
autorisation après étude d’impact (voir propos du maire dans le paragraphe 1),
mais mentionne l’existence du principe
de prévention (1).
Souligne que
les conditions dans lesquelles s’est déroulée l’enquête publique lui semblent
de nature à être retenues dans un argumentaire destiné au tribunal
administratif.
Dès la
publication de l’arrêté, l’exploitant peut
agir. La question est de savoir s’il peut prendre ce risque en cas de contentieux
(18 mois de délai à prévoir entre le dépôt d’un recours et la décision du
tribunal administratif, laquelle est susceptible d’appel).
Les cas
d’annulation d’arrêtés préfectoraux autorisant les cultures marines sont rares
à ce jour.
3.
- Le
sujet des subventions n’a pas été occulté :
Le Conseil
général a attribué 37 000 € aux porteurs du projet (financement de l’achat
de la barge et de bâtiments). Le conseil municipal de Riec-sur-Bélon a voté une
subvention (montant non précisé pendant cette réunion). Le Conseil régional de
Bretagne s’est engagé à participer au financement du projet. Il s’agit fort
probablement d’attirer des subventions européennes.
4. – Manifestation des oppositions parmi les participants à la réunion :
Un pêcheur
professionnel moëlanais a déclaré être farouchement contre ce projet qui va le
priver d’une zone de pêche. (Le juriste prend cet exemple pour préciser la
notion d’intérêt à agir, considérant que la conséquence de l’arrêté préfectoral
pourrait donner à ce professionnel la qualité de « personne ayant intérêt
à agir »).
Un
ostréiculteur du Bélon
(François de Solminihac, « huîtres du Château du Bélon ») signale
qu’il s’est prononcé contre le projet. Après avoir fait état des pressions et
menaces qu’il a subies, il déclare avoir le soutien du député Gilbert Le Bris,
encourage les opposants à s’exprimer dans la presse, à manifester sur le plan
d’eau, et émet le vœu que les opposants s’adressent à Louis Le Pensec pour solliciter
son appui. Enfin, il préconise le recours à la concertation entre opposants et porteurs du
projet et conclut son intervention par cette interrogation : pourquoi pas
un projet plus au large ? (M.M. Thaéron et Legorju ont déjà repoussé cette
solution : précision du maire de Moëlan).
Françoise
Boureau (auteure d’une pétition appelant à la création d’une aire marine
protégée) s’est exprimée, mais son exposé a été confus et son message n’est,
semble-t-il, pas passé.
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Les propos, les commentaires et
les réactions du public présent à cette réunion révèlent une certaine
radicalisation des oppositions au projet d’algoculture et d’élevage d’huîtres
en pleine mer près de la côte moëlanaise. À rapprocher de la relative
modération dont ont fait preuve les associations jusqu’à aujourd’hui.
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(1)
Le principe de prévention prévoit qu’il est
nécessaire d’éviter ou de réduire les dommages liés aux risques avérés
d’atteinte à l’environnement, en agissant à la source et en recourant aux
meilleures techniques disponibles et à un coût économique acceptable. (Loi
Barnier de 1995 et article L.110-21 du Code de l’Environnement).
Christian Le Thoër
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